A l’occasion de la sortie de Quand la mousse pousse le 3 janvier prochain, je vous propose de découvrir en avant première les cinq premiers chapitres de l’histoire smile
Du 29 décembre au 2 janvier, vous pourrez donc découvrir chaque jour un nouveau petit chapitron tout moussu.
Le chapitron d’aujourd’hui se prénomme “Ouille“. Bonne découverte bigsmile
Ouille
— Putain, mais ça pisse le sang, ton truc.
— Eh bah oui. Pourquoi je serais venu voir un rafistoleur sinon ?
— Ah, donc toi, tu viens là que quand t’as un truc qui va pas ?
— Parce que les autres, ils viennent pour admirer le paysage ?
— Figure-toi que certains viennent juste pour discuter. De choses et d’autres.
— Tu m’en vois ravi. Et pour mon bras ?
— Oh, ça va, hein. Tu peux attendre trois minutes.
— C’est que je commence à voir trouble.
— Non, mais c’est rien.
— Ouais, une veine tranchée, c’est rien.
— C’est pas une veine.
— Tu vas te bouger, oui ?
— Zut, hein. Et puis, t’as réussi ça comment ?
— En épluchant des carottes.
— Sérieux ?
— Pour qui tu me prends ? J’étais en train d’asperger les murs à l’acide acidifié et je m’en suis ramassé une goutte sur le poignet.
— Ah, mais ça attaque sévère, ta saloperie.
— C’est un peu son but.
— De t’exploser les veines à chaque fois que tu fais le ménage ?
— Figure-toi que la mousse, ça part pas avec juste un peu de javel.
— Ouais, bon. Mais avec tout l’acide que tu balances sur les murs, je me demande comment ils arrivent à tenir debout.
— C’est du solide.
— Quand même. Pourquoi tu laisserais pas juste la mousse pousser un peu ?
— Mais bien sûr. Elle pousse un peu, on trouve ça joli, on la laisse encore un peu, on se prend à lui donner un nom. Et hop, une nuit, elle passe à l’attaque et entre par les oreilles !
— Tu sais que ces histoires de mousse qui attaque, c’est pas forcément à prendre au pied de la lettre.
— On croirait entendre l’autre crétin, là. Il me racontait il y a pas longtemps que les murs jaunes, c’était pas si mal. En même temps, un suiveur…
— Ouais, bah, il a peut-être pas tort. Les temps changent, figure-toi. Les champignons ne courent plus. Peut-être que la mousse n’attaque plus, non plus.
— Donc quoi, tu proposes que je range ma bouteille d’acide au placard et que j’aille planter des navets ?
— Au moins, tu te retrouverais pas à pisser le sang tous les quatre matins.
— D’ailleurs, en parlant de ça.
— Une minute. Tu vois bien que ça commence à fumer.
— Ah bah, je le sens surtout. C’est quoi, cette connerie ?
— Une nouvelle méthode.
— Qui soigne une brûlure à l’acide par une autre au j’sais pas quoi ?
— Ça fait cicatriser plus vite.
— Si tu le dis.
— Regarde, il y a même plus de sang.
— Peut-être que je me suis juste vidé. Vu le temps que t’as mis.
— Elle est belle, la gratitude, tiens.
— Non, mais tu sais comment je suis quand je perds un litre de sang.
— Ah, pour le savoir… Tu viens me les casser trois fois par semaine.
— Je te ferais quand même remarquer que rafistoleur, c’est un peu ton boulot.
— Mon boulot… Et qui m’a demandé si je voulais soigner des boiteux à longueur de journée, hein ? Peut-être que je voulais partir explorer les fougères, moi.
— C’est dépassé, les fougères.
— Ouais, mais quand même.
— Il y en a plus tellement, d’ailleurs. Elles ont toutes été apprivoisées par les champignons.
— N’empêche… Les fougères, c’est plus classe que des potions à trois ronds.
Rendez-vous demain pour la suite mrgreen
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