A l’occasion de la sortie de Quand la mousse pousse le 3 janvier prochain, je vous propose de découvrir en avant première les cinq premiers chapitres de l’histoire smile
Du 29 décembre au 2 janvier, vous pourrez donc découvrir chaque jour un nouveau petit chapitron tout moussu.
Le chapitron d’aujourd’hui se prénomme “Champignons“. Bonne découverte bigsmile
Champignons
— Le truc, c’est de faire bouillir l’eau bien comme il faut.
— Ah.
— Il faut qu’elle commence tout juste à frémir, tu baisses le feu, tu comptes jusqu’à soixante-dix-sept et bam, tu balances les carottes.
— Ah.
— Et d’un coup, hein. Pas de « je les mets doucement, sinon ça va gicler et je vais m’ébouillanter ».
— Ah.
— Et puis, faut pas non plus faire trop gaffe si elles commencent à gueuler. Elles gueulent que pour la forme, de toute façon. Elles savent bien qu’elles finiront tôt ou tard dans la casserole.
— Ah.
— Mais bon, comme elles peuvent pas courir, bah elles se sont résignées.
— Ah.
— Ah, tiens, on dirait qu’on arrive à la clairière aux champignons. Ouvre bien les yeux, hein. Parce que c’est un endroit que seuls les suiveurs connaissent. Et puis, le secret est bien gardé. On se le transmet qu’entre membres de la guilde.
— Ah.
— Non, mais inutile de faire semblant. Je sais très bien ce que ressent un jeune apprenti qui entre pour la première fois dans la clairière aux champignons. Je suis aussi passé par là, tu sais.
— Ah.
— Bon, je te l’accorde, c’était il y a longtemps. J’ai eu largement le temps de passer maître depuis. Mais je m’en souviens très bien.
— Ah.
— C’est un peu un aboutissement de toutes ces années d’études à apprendre les différents mouvements des champignons. La marche furtive, la course modérée, le sautillement aléatoire… Oui, oui, je m’en souviens très bien.
— Ah.
— Bon, c’est vrai qu’en pratique, bah, on a pas trop tendance à les observer, ces déplacements. Les champignons, ils se sont construit des villages et ils vivent tranquillement leur vie de champignon. Mais on est jamais à l’abri d’un changement, hein ! Imagine que du jour au lendemain, ils décident tous qu’ils ont finalement très envie de courir !
— Ah.
— Je crois qu’on est plus très loin.
— Ah.
— Une carte aurait pas été de trop, cela dit. C’est que ça fait des années que je suis pas venu ici, moi. Quel intérêt de poursuivre des champignons quand ils fuient pas devant toi…
— Ah.
— Je te cacherai pas qu’il y a des jours où je me demande vraiment à quoi bon. C’est vrai, à quoi bon être suiveur s’il n’y a rien à suivre. Tiens, prends les exterminateurs, par exemple. Eux, ils ont vraiment un but dans leur vie, un truc qui a du sens. Ils voient un mur recouvert de mousse, hop, ils te sortent leur acide acidifié et ils se calment pas tant que le mur a pas été libéré. Mais nous…
— Ah.
— Mais va surtout pas répéter ce que j’ai dit, hein ! On a quand même une image à conserver.
— Ah.
— Et puis, les exterminateurs, ce sont des individus horribles. Complètement imbus de leur petite personne. On dirait que sans eux, tout foutrait le camp. Pfeu !
— Ah.
— D’ailleurs, pas plus tard qu’hier, je discutais avec l’un d’entre eux. Tu sais, le drôle de gars avec un manteau de fourrure et des lunettes de plongée. Eh bah, il m’a soutenu pendant un bon quart d’heure que suiveur, c’était un métier fini.
— Ah.
— Encore, entre nous, je veux bien qu’on parle du déclin de la profession. Mais qu’un exterminateur ose ce genre de propos, ça, ça me rend vert.
— Ah.
— Enfin… T’es jeune. T’as encore le temps de découvrir tout ça.
— Ah.
— Marrant, je connais pas du tout ce coin de la forêt. T’es sûr que t’as pas une carte ?
Rendez-vous demain pour la suite mrgreen
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J’ai adoré ce petit monologue déguisé ! De plus en plus convaincu de me procurer la mousse sans acide acidifié ! :D
Ah non, désolée. La mousse ne vient qu’en lot avec l’acide :mrgreen:
Vivons dangereusement : je prends l’acide qui va avec ! :mrgreen: