Un jour, vous avez pris la plume. Et depuis… eh bien, depuis, votre vie n’est qu’arrachage de cheveux et ricanements sadiques. Oui… mais pourquoi on écrit à la base ?
Okay. Soit. On est donc en face d’une personne qui risque de claquer si elle scribouille pas. Genre, vraiment. Paf, plus personne. C’est un peu triste quand même et je crois qu’on appelle ça une addiction. J’ai entendu parler d’excellents groupes de soutien. Vous devriez essayer.
Oui, voilà, c’est bien. Appelons votre ami imaginaire “muse” et faisons comme si tout allait bien. Et puis, prenons un thé avec de temps en temps. C’est qu’il faudrait pas qu’elle se déshydrate. Et sinon, vous savez qu’il n’y a aucune entité qui se penche à votre oreille pour vous souffler une histoire ? Ca serait ridicule. On sait tous que les histoires n’ont pas besoin d’intermédiaires pour venir se blottir dans votre cervelle.
Soit… mais du coup, ça s’applique aussi aux listes de courses ? Non, parce que c’est peut-être moins classe. Mais est-ce qu’écrire d’aller acheter du sopalin, ça peut permettre de trouver le sens de la vie ? Parce que si c’est le cas, je crois que vous avez découvert une méthode miracle pour rendre la population mondiale heureuse. Allez vite breveter ça !
Bien évidemment. Et puis, la famille, les amis ou les collègues que vous harcelez pour qu’ils vous lisent, c’est juste une manière de sociabiliser ? C’est sûr que ça fait une bonne discussion à la cantoche du boulot : “Ah mais je te raconte pas comme ça a été compliquer d’arracher un bras à Bidule… surtout qu’il était en pleine mer et qu’il a failli se vider de son sang”. Bonne ambiance garantie !
Excellent argument. Parce que quand on a rien à raconter, eh bien, on va planter des courges. Non pas que je dénigre la culture de courges. Bien au contraire. Il vaut mieux une belle courge qu’un mauvais roman.
Enfin, une raison honnête. Parce que bon, on sait tous qu’écrire, c’est pas une vocation, c’est pas un besoin. On sait tous qu’il n’y a aucune muse qui guette dans l’ombre, on sait qu’il n’y a pas d’inspiration divine. Ecrire, c’est purement une affaire de porte-feuille. C’est pas pour rien que tous les écrivains roulent sur l’or.
Et vous, c’est quoi, votre excuse pour écrire ? tongue
Mon excuse pour écrire? Soulager ma conscience… ;-) Je devrais aussi en profiter pour développer mes pulsions délicatement sadiques à l’encontre de mes personnages, tenez.
“On contrôle pas la muse”… Cela me rappelle l’écrivaine suisse Corinna Bille qui avait des craintes lorsqu’elle faisait son ménage: “Pourvu qu’une histoire ne me vienne pas en ce moment!” Image de sa manière d’écrire à flux continus, qui a donné d’innombrables nouvelles, histoires, romans.