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Meurtres à l'agrafeuse - Jour 3 - Présentations
By Svetlana Posted in Publication on 1 juillet 2015 0 Comments 6 min read
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A l’occasion de la sortie de Comment j’ai tué sept personnes avec une agrafeuse le 4 juillet prochain, je vous propose un petit aperçu du début de l’histoire :)

Du 29 juin au 3 juillet, vous pourrez donc découvrir chaque jour un nouveau petit chapitron du roman.

Bonne découverte bigsmile

 


Présentations

 

— Il va falloir que vous éclairiez un peu ma lanterne.

— Avec plaisir.

— Je dois vous avouer que ça fait longtemps que je n’avais pas vu un tel carnage.

— Je suis désolé, vraiment.

— Vous n’y êtes pas allé avec le dos de la cuillère…

— Je vous l’ai dit, c’était une agrafeuse.

— À voir les corps, on dirait que c’était… autre chose.

— Je vous assure que…

— Ouais, ouais. Reprenons depuis le début. Votre nom.

— Huguetin Bienassis.

— Oh, vous êtes de la famille des Bienassis de Tournebrise ?

— Rien à voir. Les Bienassis de Tournebrise sont des venteurs. Est-ce que j’ai une tête de venteur ?

— Ne le prenez pas mal. C’est une interrogation légitime.

— Admettons. Mais évitez de me comparer à ces… ces…

— Calmez-vous, enfin ! Date de naissance.

— Le 38 octembre de la 58e année verte.

— Je vous aurais donné plus.

— J’ai un travail pénible.

— C’est pour ça que vous avez craqué et commis ce…

— C’est bien plus compliqué que ça, vous savez.

— Non, je ne sais pas. Et j’attends que vous me le racontiez. Enfin, finissons les formalités. Lieu de naissance.

— Vertevallée-sur-Nidepoule.

— Oh, c’est charmant comme coin. J’y étais justement allé en vac… Aucune importance.

— Les touristes, on en voit. Pire que les cafards.

— On parlera tourisme une autre fois. Lieu de travail.

— Vous le connaissez, mon lieu de travail. Vous en revenez.

— J’ai besoin que vous l’énonciez de manière claire. Pour l’enquête.

— Quelle enquête ? Je me suis rendu, l’enquête est bouclée, non ?

— Il reste des éléments très nébuleux. Lieu de travail.

— La Fabrique des Sept Couleurs au 42 rue des Grenouillettes.

— Situation familiale.

— Veuf.

— Oh, je suis désolé.

— Moi aussi.

— Bien. On en a fini avec ça. Donc allez-y, racontez-moi tout.

— Quoi, juste comme ça ?

— Un souci ?

— Disons que je viens vous voir pour vous dire que j’ai tué sept personnes. Et vous, tout ce que vous trouvez à me dire, c’est que je vous raconte comment je l’ai fait.

— Eh bien ?

— Eh bien, vous n’essayez même pas de comprendre mes motivations. Peut-être que j’ai des circonstances atténuantes.

— Vous en avez ?

— Et pas qu’une !

— Racontez-moi depuis le début alors.

— Depuis le tout début ?

— Enfin, ne remontez pas trop loin non plus.

— Donc vous, en gros, vous voulez que je vous raconte, mais sans trop vous ennuyer. Je suis déçu.

— Vous m’en voyez navré. Et donc ?

— Et donc, il faut que je remonte loin pour que vous compreniez tout.

— Très bien, allez-y.

— Ah non, mais si vous soupirez…

— Je soupire parce que je viens de passer ma pause déjeuner à farfouiller dans un carnage. Et je peux vous assurer que c’était tout sauf ragoûtant.

— Merci, je suis au courant.

— J’attends toujours. Si vous faites traîner encore, la bande enregistrante va se finir et on va devoir en demander une nouvelle. Et ça, ça va prendre des plombes.

— Et donc c’est ma faute, si votre équipement est dépassé ?

— Pas votre faute directement. Mais si vous pouviez vous bouger, je vous en serais très reconnaissant.

— Vous savez, moi, je suis venu ici plein de bonnes intentions. J’aurais très bien pu vous laisser chercher par vous-même.

— Et si on vous avait attrapé, la discussion qu’on aurait eue aurait été autrement moins amicale.

— Pour ça, il aurait fallu que vous m’attrapiez. Et j’ai entendu dire que votre taux de réussite n’était pas au sommet.

— Vous savez ce qu’il vous dit, mon taux de réussite ?

— Sûrement que vous ne mettez pas beaucoup de personnes derrière les barreaux.

— Vous…

— Mais on n’est pas là pour parler de ça.

— Tout à fait. Vous étiez sur le point de me dire comment vous aviez tué ces sept personnes.

— Comment, vous le savez déjà. Avec une agrafeuse. C’est au pourquoi que vous devriez vous intéresser.

— Je ne fais que ça. Pourquoi avez-vous fait ça ?

— C’est une longue histoire.

— C’est ce que je craignais.

— Vous savez, si vous n’aimez pas ce que vous faites, il est encore temps de vous réorienter.

— J’aime ce que je fais. La plupart du temps.

— Pas aujourd’hui, on dirait.

— Pas aujourd’hui.

— Avouez que c’est à cause de moi.

— Disons que vous êtes un peu un meurtrier et que je dois vous interroger. J’ai connu des journées meilleures.

— Pourtant, vous devriez aimer ça, non ? Interroger les meurtriers.

— J’aime beaucoup. Surtout quand ils me parlent tricot.

— Vous tricotez ?

— Non.

— Dommage. Vous seriez plus détendu.

— Pourquoi les avez-vous tués ?

— Parce que j’étais stressé.

— Pardon ?

— Non, mais dit comme ça, forcément.

— Vous pouvez le dire autrement ?

— Je pourrais, Mais ça impliquerait de raconter toute l’histoire.

— Et elle est vraiment longue ?

— Vraiment.

— Bon, allez-y alors.

— Ah bah, quand même !

— Et donc ?

— Et donc cette histoire a commencé à Vertevallée.

— Vertevallée ? Je croyais que c’était là que vous étiez né.

— C’est ça. Je vous ai dit que cette histoire remonte à un petit moment.

— Quoi, vous allez me refaire toute votre biographie ?

— Vous voulez l’histoire ou pas ?

— Non, mais il n’y a pas moyen de passer tout ça ?

— Vous savez, avec tout le temps que vous passé à essayer de ne pas m’écouter, je vous aurais déjà tout raconté.

— J’en doute. Vous avez l’air de vous faire plaisir à me faire tourner en bourrique.

— C’est vrai. Mais vous avez une tête qui l’encourage aussi.

— Ça expliquerait tous les enquiquineurs que je me ramasse.

— Vous n’avez jamais envisagé la chirurgie esthétique ?

— Non.

— Vous devriez. Donc pour en revenir à l’histoire…

— Ah non, trop tard. Vous m’excuserez, mais on reprendra cet interrogatoire une autre fois.

— Pardon ?

— Il faut que j’y aille.

— Que vous y alliez ?

— C’est ça.

— Où ça ?

— J’ai à faire.

— D’autres meurtriers ?

— Pas vraiment.

— Quoi alors ?

— Vous allez rire.

— Je ne suis plus à ça près.

— J’ai un cours de…

— Un cours de quoi ?

— Un cours de dentelle.

— De dentelle ?

— Aux fuseaux.

Merci d’avoir suivi ce chapitron et à demain pour la suite !

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