A l’occasion de la sortie de Point de fuite le 3 janvier prochain, je vous propose un petit aperçu du début de l’histoire :)
Du 30 mars au 3 avril, vous pourrez donc découvrir chaque jour un nouveau petit morceau du roman.
Bonne découverte bigsmile
Margot avait toujours eu la poisse. Un truc de dingue.
À six ans, elle avait failli ne pas ressortir d’une forêt.
À douze ans, l’appendicite l’avait presque fait passer de l’autre côté.
À dix-huit ans, elle s’était fait renverser par une voiture.
Et ça, ce n’était que la partie immergée de l’iceberg. Parce qu’à vrai dire, Margot ne pouvait pas faire un pas sans qu’une tuile ne lui tombe dessus.
Elle avait pourtant essayé de vivre normalement, ça ne lui avait pas réussi. Alors, elle avait pris une décision – celle de s’en remettre à la routine.
C’est ainsi que le moindre trajet se retrouvait tracé à l’avance.
Dans la rue de la pharmacie, il fallait emprunter le trottoir de droite, jamais l’autre ; sur l’autre, elle s’était tordu la cheville et avait béquillé pendant trois semaines. La rue de la poste, elle, devait être attaquée par le trottoir de gauche, puis, il fallait traverser sur le passage clouté et finir par le trottoir de droite ; là, le détour se justifiait par un mauvais souvenir impliquant une échelle qui avait atterri sur son épaule et l’avait déboîtée.
Bien évidemment, conduire une voiture était absolument exclu. Oh, bien sûr, elle avait tenté le permis – une lubie des parents pour sa majorité. Mais elle savait parfaitement que c’était uniquement grâce aux réflexes du moniteur qu’elle était toujours en vie. Ainsi que les quarante-sept conducteurs et les cinquante-neuf piétons qu’elle avait failli percuter.
Quant à son lieu de travail, elle avait compris qu’il ne fallait rien laisser au hasard. Le clavier devait être posé parallèlement au bord du bureau ; elle ne se souvenait que trop bien de la fois où elle l’avait reçu sur le pouce et avait dû attendre trois heures aux urgences parce qu’il avait décidé de virer au noir. Les stylos, eux, devaient se trouver le plus loin possible ; ils avaient une fâcheuse tendance à se planter dans les doigts qui voulaient s’en servir. Et enfin, pour les feuilles aux bords trop tranchants, il valait mieux qu’elles restent bien au chaud dans les tiroirs.
Oui, pour Margot, s’enfoncer dans la routine était sans aucun doute la meilleure chose à faire. Et elle aurait sûrement pu continuer comme ça encore longtemps si ce lundi-là, elle avait décidé de la bousculer, cette routine, et de ne pas pousser la porte de l’épicerie.
Car c’est alors que les choses décidèrent de ne plus rester à leur place.
A demain pour de nouvelles aventures mrgreen
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