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Causons dialogues
By Svetlana Posted in Écrivons ! on 17 avril 2015 5 Comments 4 min read
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36A une époque pas si lointaine, moi et les dialogues, on n’était pas vraiment copains. Je ne sais même pas d’où venait ce désamour viscéral. Mais voilà, mes textes étaient de longues narrations, bourrées de passages introspectifs où les personnages s’interrogeaient sur la vie, l’univers et parfois même le reste. Et disons le franchement – c’était chiant mrgreen Et puis, vint le jour où j’ai entendu des personnages discuter et où ils ont pris vraiment vie.

Ce qui va suivre n’est pas là pour dénigrer la narration en général, loin de là. A la limite dénigrer ma narration de cette époque que nous appellerons la pré-dialoguite-aiguë. Mais ce qui va suivre est surtout une ode aux dialogues en toute sorte. Parce que sans eux, je sais que je me serais bien ennuyée.

Pourquoi des dialogues ? Je sais, c’est con comme question. Mais c’est pourtant la base. Pourquoi fait-on discuter des personnages qui sont, je le rappelle, des être d’encre et de papier et donc qui n’existent a priori pas ? Une expression de notre schizophrénie d’écrivain ? Très certainement. En tout cas, pour moi, c’est le seul moyen pour rendre le récit vivant. Je pourrais décrire les motivations d’un personnage pendant des pages et des pages, je pourrais le faire sourire, le faire pleurer ou lui faire cramer la baraque de la voisine, mais avec ces actions, il ne sera encore rien. Ce n’est que quand il ouvrira la bouche qu’il va commencer à exister. Parce que c’est à ce moment-là qu’il me dira comment il parle, qu’il me confiera ses tics et accrocs de langage. Bref, c’est à ce moment-là qu’il deviendra quelqu’un.

Je me suis essayée à beaucoup de choses en dialogues. Au début, je pensais qu’il fallait à tout prix des incises, donc j’en mettais partout. C’était lourd, mais ça avait le mérite de ne pas perdre le lecteur. Et un beau jour, je me suis laissée distraire par les personnages et les incises ont sauté. On était à l’époque de La Septième Face qui est LA fiction qui m’a ouvert les yeux sur mon amour des dialogues. C’est à ce moment-là que j’ai pu aborder les dialogues d’une tout autre manière. Je n’allais plus bombarder le lecteurs d’indications sur les causeurs, j’allais faire en sorte qu’on puisse identifier lesdits causeurs seulement grâce à leurs mots. Ce n’est à vrai dire même pas un processus conscient. Ce qui est sans doute pas plus mal.

La dialoguite peut pousser très loin. Si dans La Septième Face, je me suis amusée sur des passages de dialogues purs, j’ai quand même laissé une place importante à la narration. Mais un beau jour, j’ai aussi eu envie de ne plus m’en encombrer, de la narration. Je voulais voir si je pourrais tenir tout un roman sans narration. Ca a été un défi très intéressant et j’en suis ressortie quelques mois plus tard avec Quand la mousse pousse sur les bras, un roman uniquement en dialogues, sans narration ni incises. C’était d’ailleurs si plaisant que j’ai fini par craquer il y a peu et je planche actuellement sur le second tome qui s’appellera Quand la mousse tousse (admirez mon habilité à trouver les titres mrgreen ).

Et avec la mousse, j’ai réalisé que je ne devais peut-être pas me cantonner au seul format de roman. Parce que l’écriture théâtrale me tente depuis, ouh, longtemps. Donc qui sait, un jour, je sauterai peut-être le pas. Quitte à me vautrer lamentablement. En tout cas, je sais une chose – je n’en ai pas fini, de mes petites expériences scribouillardes lol

Et vous, quelle place accordez-vous aux dialogues dans vos récits ?

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  1. Dialogues? OK, pour des questions de rythme entre autres, mais sans excès: en effet, faire causer ses personnages, leur donner une voix propre, c’est leur donner une épaisseur. Mais n’oublions pas que la communication est non-verbale à 80%… Dès lors, imaginer des gestes propres à chaque personnage peut être un complément intéressant au dialogue.

    1. Ah non, mais je dis pas qu’il faudrait radier la narration. Au contraire, on peut s’amuser avec et comme tu dis, la communication non-verbale est un élément très important.
      Mais ce que je mentionnais en parlant de “Quand la mousse pousse”, c’était justement de faire passer les petits gestes qui accompagnent généralement la discussion via les dialogues. Le mec pisse le sang ou regarde de travers, tentons de faire passer ça via ce qu’il dit :)
      Après, évidemment, c’est une expérience, rien de plus. Parce que je suis farouchement opposée à l’idée qu’écrire c’est faire comme ci et ne jamais changer. Peut-être qu’avec que des dialogues, on reste trop en surface, peut-être pas. En tout cas, on ne peut pas en être sûr tant qu’on a pas testé :P

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