Quand je me suis rendu compte que je ne pourrai partager mon message qu’en le mettant par écrit, j’ai eu des sueurs froides. Moi, écrire ? Depuis longtemps déjà, j’ai réduit cette activité à son strict minimum. Ni lettre ni carte postale, tout juste quelques emails pour raisons professionnelles.
Pourquoi tant de haine ? Parce que je suis nulle en français, au point que zéro a été le chiffre qui m’a accompagnée pendant toute ma scolarité, mais voilà, la vie vous apporte bien des surprises.
J’ai commencé la rédaction d’ALE 2100 en 2009 et je l’ai terminée en 2013. Quatre années d’écriture pour 654 pages qui m’ont sorti les tripes du ventre.
J’ai eu cette chance incroyable de voyager très jeune. Dans mon parcours, j’ai croisé Zoé, Coralie et François, Cherif, Meritxell, Elina ; Mohamed, France et Yuna et beaucoup d’autres. Toutes ces personnes m’ont enrichie. J’ai appris de nouveaux mots, j’ai dégusté de nouveaux plats, j’ai découvert d’autres éducations, d’autres traditions, d’autres analyses, d’autres histoires, d’autres visions. Alors, quand j’ai réalisé ce que devenait le monde, ce que nous allions perdre et que l’envie de lui crier qu’il courait droit à la catastrophe est devenue plus forte que mes réticences à écrire, je me suis lancée.
Là a débuté mon parcours du combattant. Je savais ce que je voulais raconter, mais j’ignorais comment m’y prendre. J’ai surfé sur le Net pendant des semaines pour chercher des réponses mais j’y ai trouvé encore plus de questions. Première ou troisième personne ? Présent ou passé ? Plan ou pas plan ? Roman ou nouvelle ? Héros ou héroïne ? Bref, la montagne grandissait au fur et à mesure que j’explorai. Au fond, je crois que j’avais cette chance d’avoir l’esprit vierge, alors j’ai décidé de faire ce qui me semblait le plus simple. Je me suis fait des fiches de personnages, j’ai découpé des dessins et des photos, j’ai élaboré plus ou moins le parcours des héros, j’ai listé les thèmes que je souhaitais aborder. J’ai rapidement rédigé un premier jet des premiers chapitres, puis un second jet, un troisième, un quatrième. J’ai passé des heures à lire et relire ce que j’avais écrit. Rien ne fonctionnait.
Alors, j’ai changé de tactique. J’ai lu. Lu, lu, lu et encore lu. Des romans, des magazines, des rapports, des articles de presse. Et j’ai visionné des heures et des heures de vidéo, de reportages, de films. Tous plus horribles les uns que les autres. J’ai pleuré un nombre incalculable de fois. Et plus je soufrais, plus j’étais déterminée. J’avais envie de crier. Comme si c’était vital. La rage au bout des doigts, j’ai démarré mon cinquième jet et là, j’ai su que c’était le bon.
Le bon début pour moi, c’était déjà une belle étape, mais qu’en diraient les lecteurs ? J’ai commencé à poster sur le web et des auteurs en herbe, comme moi, sont venus me commenter, me corriger, me conseiller et surtout ils m’ont encouragée. Le fond était apprécié, pour la forme, j’avais tout à apprendre. Seulement voilà, quand j’ai dû m’attaquer à de nouveaux chapitres, rien ne venait. J’avais des images plein la tête et des dialogues qui tournaient en rond dans mon esprit, mais je n’en sortais rien. Et plus le temps passait, plus la frustration augmentait, inexorablement, jour après jour, nuit après nuit, jusqu’au jour où… la magie a opéré, comme si, tout d’un coup, mon esprit reconstituait un puzzle avec tous les éléments qu’il contenait.
Je me suis retrouvée devant mon écran avec la scène qui défilait dans la tête et les doigts en feu. Cela se déroulait tellement vite, que j’avais du mal à suivre. Je revenais tout juste à la ligne, ne corrigeant rien, il fallait juste que ça sorte. Là, tout de suite, maintenant. C’était magique et sensationnel. J’avais l’impression de vivre moi-même l’histoire qui s’écrivait. Mon cœur accélérait en même temps que celui des héros, je riais en même temps qu’eux, je souffrais en même temps qu’eux. Moi aussi, je me trouvais dans ALE avec son interface Sensation. Quels moments incroyables ! Quelle découverte ! J’étais abasourdie. Euphorique… et piégée !
Des moments comme ceux-là, on en voudrait tous les jours. « Juste une dose, s’il vous plait ! » Seulement voilà, il y a un prix à payer : il faut alimenter en permanence son esprit (dans mon cas avec toutes les horreurs du monde) et attendre que celui-ci ne se décide de tout vous recracher. Et le temps de frustration est long, très long, comparé aux minutes de magie.
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